L=A=N=G=U=A=G=E, le livre, édité par Bruce Andrews et Charles Bernstein, traduit par Amélie Ducroux, Presses Universitaires de Rouen et du Havre (PURH), 2021.
Oyez oyez, ce livre génial et foisonnant est récemment sorti aux Presses Universitaires de Rouen et du Havre (PURH) : il consiste en la première traduction française de textes parus dans la mythique revue de poésie d’avant-garde L=A=N=G=U=A=G=E, dirigée par les poètes Charles Bernstein et Bruce Andrews. Ce travail colossal a été réalisé par Amélie Ducroux, professeur de littérature américaine à mon ancienne université, l’université Lumière-Lyon 2, et spécialiste de T.S. Eliot.
Le premier numéro de L=A=N=G=U=A=G=E parut en 1978. Il y eut 13 numéros, jusqu’en 1981. On peut consulter la table des matières en anglais de ces numéros ici.
Comme d’habitude, la singulière collection de poésie américaine « To« , dirigée par Christophe Lamiot-Enos, s’illustre en publiant des textes postmodernistes importants qui explorent les multiples façons de faire sens tout en ne considérant pas le langage et ses composantes comme allant de soi, et tout en inscrivant l’écriture comme une activité à la fois esthétique, sociale et politique. Elle a publié des poètes comme Alice Notley, Lee Ann Brown, Jerome Rothenberg, Hank Lazer, Norman Fischer, Joe Ross, entre autres, ainsi que Laynie Browne, Amy Hollowell, Carla Harryman et Rodger Kamenetz (j’ai eu l’honneur de traduire ces quatre poètes), et, du côté français, Christophe Lamiot-Enos, Armelle Leclercq, Claude Ber, Sophie Loizeau et Laurent Albarracin.
Pour vous mettre l’eau à la bouche, en ouvrant au hasard L=A=N=G=U=A=G=E, LE LIVRE, on tombe sur des commentaires de textes de Gertrude Stein, ainsi que des extraits choisis (ci-joint un extrait de Tendres Boutons, hélas le nom du traducteur ou de la traductrice n’est pas spécifié dans le volume), sur une étude des photogrammes de l’artiste László Moholy-Nagy, un poème de Hannah Weiner, un article sur la poésie de Michael Palmer (damn! à qui ai-je bien pu prêter mon exemplaire de The Promises of Glass acheté aux Etats-Unis il y a vingt ans ? C’était un hardcover en plus !), les « expérimentations » de Bernadette Mayer (que je conseille en atelier d’écriture), « Grand livre juif » de Jerome Rothenberg, des articles sur la poésie de Louis Zukofsky, et même « L’outrage aux mots de Bernard Noël (« chier : jusqu’à quel âge n’ai-je pas osé dire ce mot ? »).
Bref, presque 500 pages, 13 euros, on croit rêver, non ? Cet ouvrage est un pur régal et m’y plonger me procure autant de joie que de plonger dans la revue Action poétique, par exemple.
(Sabine Huynh, Tel Aviv, 06/11/2021)
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Je partage aussi mes pensées sur des livres que j’ai lus ici.