Traduction de l’anglais (États-Unis) au français, pour les éditions Black Herald Press. Parution : mai 2024.
Ce recueil a fait partie de la dernière sélection du T. S. Eliot Prize 2023 (le prix littéraire le plus prestigieux du Royaume-Uni).

Katie Farris a découvert au mois d’août 2020 qu’elle était atteinte d’un cancer du sein. Les poèmes de son recueil Debout dans la forêt du vivant portent sur l’épreuve qu’elle a traversée ces dernières années. Ce travail est important et nécessaire car il transforme la personne malade frappée par le destin en une « personne blessée » (« wounded storyteller », cf. Arthur Frank, 1995) qui raconte une expérience et une histoire, et son corps souffrant stigmatisé par la médecine et les regards devient un réceptacle rassemblant tous les corps vulnérables.
Virginia Woolf déplorait dans son essai « On Being Ill » (« Sur le fait d’être malade », écrit en 1925 et publié en 1926 dans The Criterion) qu’il n’existât pas vraiment de littérature sur la maladie (même si Proust en a exploré les enjeux littéraires et émotionnels), du moins une littérature qui prêtât plus attention au corps qu’à l’esprit, « those great wars […] in the solitude of the bedroom against the assault of fever or the oncome of melancholia, are neglected » – « ces grandes guerres […] dans la solitude de la chambre à coucher contre l’assaut de la fièvre ou l’approche de la mélancolie, sont négligées ». Elle se posait la question de savoir quel genre de littérature pouvait se révéler le plus susceptible d’apporter du réconfort aux personnes souffrantes, sans les fatiguer plus qu’elles ne l’étaient déjà, avant de convenir qu’elles montraient naturellement plus d’appétence pour la poésie (ainsi que pour les biographies).
Pour information, La Montagne Magique de Thomas Mann a été publiée à la fin de l’année 1924 et ne sortira en anglais que trois ans plus tard (et en français en 1931). L’essai de Susan Sontag, « Illness as Metaphor » (New York Review of Books), dans lequel l’autrice examine les mythes culturels et les préjugés entourant le cancer et la tuberculose durant son propre traitement contre le cancer du sein, a été publié en 1978, et son livre AIDS and Its Metaphors, sur la stigmatisation de certaines maladies comme le SIDA et le cancer, et ses retombées négatives sur les malades, est sorti dix ans plus tard.
Debout dans la forêt du vivant est un recueil de poèmes d’amour et de sagesse qui, avec grâce, honnêteté et un certain humour, explore la contrée du cancer du sein, fait battre le coeur un peu plus vite, et pose la question de savoir à quel point nous voulons vivre, en dépit de la maladie et de la souffrance. La langue poétique de Katie Farris, au ton à la fois sobre et facétieux, est un chant puissant émanant du corps vulnérable et pourtant toujours vecteur d’épiphanies lumineuses, un chant porté par l’énergie amoureuse et l’émerveillement face au monde naturel.
Pourquoi écrire des poèmes d’amour dans un monde en flammes ?
Katie Farris, Debout dans la forêt du vivant. Black Herald Press, 2024.
Pour m’entraîner, en plein milieu d’un monde en flammes,
à offrir des poèmes d’amour à un monde en flammes.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site des éditions Black Herald Press.