Herbyers

Herbyers. Backland éditions, collection « Montrer c’est dire » (dirigée par Manuel Daull). Date de parution : 24 avril 2024.

Finaliste du Prix Guillaume-Apollinaire de poésie 2024.

À la genèse d’Herbyers : mon lien avec Emily Dickinson

Cela fait près d’un quart de siècle que j’arpente régulièrement les poèmes d’Emily Dickinson, depuis que l’on m’a offert son œuvre poétique complète, quand je vivais aux États-Unis, dans le Massachusetts (la contrée d’Emily Dickinson). J’y reviens sans cesse, tellement ils m’intriguent, me fascinent, me font réfléchir, sur leur autrice et son anticonformisme, sur son choix de n’être et de ne vivre qu’en poète, ainsi que sur la poésie, cet art périlleux et intense de l’exploration d’états psychiques extrêmes, mais aussi art de l’écriture « oblique », comme disait Dickinson.

Peu à peu, ses poèmes me sont devenus nécessaires, et ces dernières années, ils ne quittent plus ma table de travail. Début janvier 2022, j’ai décidé de vivre pleinement avec eux, de resserrer mon lien avec eux, d’entretenir une relation solide et durable avec eux, de dialoguer avec eux, et d’apprendre à mieux écrire aussi, en m’attelant sérieusement à leur traduction en français. Il y a 1789 poèmes en tout et la tâche me prendra plusieurs années, d’autant plus que je ne puis m’y consacrer qu’à mes heures perdues, qui se transforment alors en heures gagnées, en parenthèses temporelles régénérantes.

Emily Dickinson pratiquait aussi l’art de l’herbier (que j’ai pratiqué moi-même il y a une trentaine d’années), et depuis la mise en ligne en 2019 de son magnifique herbier de 66 pages (sur le site de la bibliothèque de l’université de Harvard), je n’ai de cesse de m’y plonger. Un jour, après avoir traduit l’un de ses poèmes, j’ai retravaillé, en pensant à l’herbier de Dickinson, une série de poèmes que j’avais écrits sur mes propres herbiers l’année d’avant. Et l’envie de continuer dans cette lancée m’est venue. Voilà ce qui est à la genèse du recueil Herbyers, que publient les éditions Backland en avril 2024, dans la collection « Montrer c’est dire », dirigée par Manuel Daull.

Pourquoi « Herbyers », avec un y grec ? D’une part pour souligner l’hybridité du texte, au caractère et aux origines multiples, à la croisée des langues et des cultures, et d’autre part parce que l’adverbe « y », qui représente le lieu où l’on est et le lieu où l’on va, a toute sa place au sein du titre d’un recueil de poèmes qui revisitent des paysages et visions du passé – intimes, imaginaires, réels, idéalisés, mystérieux, effrayants, ou beaux, tout simplement. Dans les lignes d’Herbyers croissent donc toutes sortes de fleurs et d’arbres. Le recueil emmène de pays en pays, en passant par des villes petites ou grandes, des jardins sublimes ou désaffectés, des montagnes, des guerres et des cimetières, à travers la réalisation d’herbiers, la contemplation de celui de la poète Emily Dickinson, et la traduction des poèmes de cette dernière.

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