Connaître et valoriser la création littéraire numérique en bibliothèque, sous la direction de Franck Queyraud

Amis bibliothécaires, éditeurs, écrivains, poètes, hommes et femmes, lecteurs et lectrices, j’ai lu ce livre hier soir et l’ai trouvé passionnant, très complet, pertinent et fertile. Il est édité par le bibliothécaire Franck Queyraud, qui anime le beau et foisonnant blog flânerie quotidienne et avec qui dans le passé j’avais adoré échanger entre autres des cartes postales numériques (malheureusement tout le contenu de mon ancien site préhistorique a disparu, et les cartes que m’a envoyées Franck avec).

On trouve dans cet ouvrage collectif des contributions d’une quinzaine d’acteurs importants de la création littéraire numérique, comme Anne Savelli (dont le texte « Hautes herbes et hyper index », apporte une dimension poétique au livre), Pierre Ménard, Guillaume Vissac, François Bon, pour ceux que je connais, et on y parle aussi du travail inspirant de Philippe Aigrain, Christine Jeanney, Joachim Séné, Lucien Suel, Brigitte Célérier, Daniel Bourrion, Cécile Portier, Olivier Hodasava… On y évoque également des livres culte comme Cent milliards de poèmes de Queneau, Marelle de Cortázar, La maison des feuilles de Danielewski…

Connaître et valoriser la création littéraire numérique en bibliothèque (Presses de l’enssib, 2019) m’a rappelé beaucoup de bons souvenirs, notamment des années où je participais aux Vases communicants et où Pierre Ménard nous publiait dans sa belle revue de création d’ici là. Il confirme que « le contemporain s’écrit numérique » et qu’il existe bel et bien de la littérature et de la création littéraire et poétique sur les réseaux sociaux, vivace, rhizomique, à suivre, individuelle ou collective, que ce soit sur Twitter, Facebook, Tumblr, Instagram, YouTube, Vimeo, SoundCloud, blogs ou sites et j’en passe. Il existe également des ateliers et des résidences d’écriture qui sont numériques… Connaître et valoriser la création littéraire numérique en bibliothèque est livre très concret, un guide pratique qui explore, explique, conseille, redirige vers les adresses pertinentes, à la fois URL et géographiques, et fait découvrir des actions créatives fabuleuses, comme celle de Corinne Lovera Vitali, pour ne citer qu’elle parmi celles que je ne connaissais pas.

Ce livre rappelle aussi l’importance du travail de création et d’édition de la maison publie.net, et de sites littéraires essentiels comme remue.net et Terre à ciel (j’en profite pour rajouter qu’en poésie il y a également les incontournables Terres de femmes, Recours au poème, Poezibao…).

Parmi les choses que j’ai découvertes en lisant ce livre : Roald Dahl écrivait dans une petite cabane de jardin baptisée la Gipsy House ; le premier livre numérique date de 1971 : « un fichier texte contenant la déclaration d’indépendance des Etats-Unis », saisi par l’étudiant qu’était alors Michael Hart ; un livre « homothétique » est un « livre numérique qui reproduit à l’identique un livre papier, par opposition à « livre augmenté ou enrichi » qui propose du son ou de la vidéo, ou encore « livre web », qui utilise les codes du web pour développer ses fonctions narratives » (merci au glossaire super utile figurant à la fin de l’ouvrage) ; c’est Pierre Ménard qui est à l’origine du terme « Vases communicants » ; remue.net était au départ des « pages personnelles de François bon en 1997, puis revue littéraire en 1999, le site remue.net est devenu un collectif en 2000 » ; une règle importante : « s’il y a une chose à bien comprendre avec le numérique c’est que, comme le langage, il est performatif, il peut engendrer des mondes » (Lorenzo Soccavo) ; en 1996 il n’y avait qu’une quinzaine de sites internet à s’occuper de littérature ; le mot « imprédictible » s’est immiscé dans la langue française (il est employé trois fois dans Connaître et valoriser la création littéraire numérique en bibliothèque : une fois par François Bon et deux fois par Franck Queyraud).

Connaître et valoriser la création littéraire numérique en bibliothèque est un livre formidablement formateur, à mettre entre les mains de tous et particulièrement des bibliothécaires et des personnes qui s’intéressent à la rencontre entre l’écriture créative et le numérique.

Le livre est accompagné d’une Cartographie de ressources en ligne, en accès libre.

Pierre Ménard évoque l’ouvrage dans Liminaire.

Franck Queyraud évoque l’ouvrage sur Numipage.

(Sabine Huynh, Tel Aviv, 23/02/2020)

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